Dienstag, 24. Februar 2009

VI La Fin'Amor ou l'Amour Courtois

« Dans le commun des rites de la cour, l'amour vit de l'espoir d'un triomphe final qui conduira la Dame (1) à se livrer toute entière, d'une victoire secrète et pareilleuse sur l'interdit majeur et sur les châtiments promis aux étreintes adultères. Toutefois, tant que dure l'attente, et il convient qu'elle se prolonge très longtemps, le désir doit se satisfaire de peu. A l'amant qui veut se satisfaire de peu, il importe de se maîtriser (...).
La Dame commande au chevalier de se coucher près d'elle, dans leur commune nudité, et pourtant de dominer son désir (2). L'amour se renforce dans cette discipline et dans les joies imparfaites des attouchements mesurés. Ces plaisirs deviennent alors des sentiments. L'étincelle amoureuse ne réunit pas des corps, mais des coeurs (3) ».
Georges Duby – Le temps des cathédrales – L'art et la société 980-1420 – Gallimard – p.304

(1)Dame : du latin « Dominae » qui signifie « dominer »
(2)Epreuve que l'on nomme la cérémonie de « l'assag » (assag = essai)
(3)Principe de toutes les vertues

L'amour conjugual étant considéré comme sans importance car n'étant pas un mariage d'amour, la femme ne pouvait que se réfugier dans la religion. Mais à partir du XIIe siècle se créé à la cour un nouveau modèle de relation homme/femme : l'Amour courtois, ou Fin' Amour, qui est une conception idéalisée de l'amour.

♥1- Les critère de l'Amour courtois ♥

L'Amour est obligatoirement adultère
L'Amour exige le secret
La Dame est lointaine, idéalisée, inaccessible et nimbée de mysticisme. Pour conquérir le coeur de sa belle, le chevalier sera confronté à toutes sortes d'épreuves et d'obstacles.
La Dame est de condition supérieure (femme d'un seigneur généralement) et son amant, un chevalier qui lui est voué corps et âme.
La chasteté est à la fois l'épreuve et la récompense suprêmes (cf « cérémonie de l'assag » plus haut)

♥2- Les trois premières règles de l'Amour courtois ♥

Le mariage ne doit pas empêcher d'aimer
Qui n'est pas jaloux ne peut aimer
On ne peut accorder son coeur à deux femmes à la fois (...)


♥3- L'Amour courtois dans la littérature ♥

On ne sait si ce modèle de relation idéale a réellement existé, mais il était très présent dans la littérature du Moyen Âge. On en a retrouvé des traces manuscrites sous forme de poèmes ou de chansons.

Par exemple, le poète lyrique allemand Walter Von der Vogelweide (~1170 - ~1230), a laissé à la postérité des poèmes et des minnesang (chansons courtoises) remarquables.
Voici un extrait d'un de ses poèmes sur l'Amour courtois :

« Frouwe, vernemt dur got von mir diz mære:
ich bin ein bote und sol iu sagen,
Ir sült wenden einem ritter swære,
der si lange hât getragen.
Daz sol ich iu künden sô:
ob ir in welt fröiden rîchen,
sicherlîchen
des wirt manic herze frô ».

Ma Dame, je vous en prie, écoutez ma mission :
je suis un messager et me doit de vous faire savoir,
vous devriez prendre le fardeau de soucis d'un chevalier,
qu'il porte depuis tant de temps.
Et je justifie ainsi ma manière d'agir:
si vous le rendez heureux,
si vous lui enlevez tous ses soucis,
beaucoup d'autres en seraient heureux.

On remarque ici très bien les rapports entre la Dame qui domine (Die Minne Herrin) et le chevalier (der Ritter) qui se meurt d'amour pour elle.

Dans la littérature courtoise du Moyen Âge, on se doit aussi de citer Chrétien de Troye (1140-1190), connu pour ses légendes sur le Roi Arthur, ses chevaliers de la Table Ronde, et la quête du Graal.

« Ils ne jouaient pas tous à des jeux folâtres, mais aux échecs et au Trictrac (1)»
Chrétien de Troyes – Le Chevalier à la charrette - ~1180
Le jeu d'échec renvoie ici à la victoire amoureuse et spirituelle.
(1)Le trictrac : Le trictrac ou plus rarement tric trac ou tric-trac est un jeu de société de hasard raisonné et de stratégie pour deux joueurs, qui se joue avec des dés sur un tablier semblable à celui du Backgammon. Le trictrac appartient à la famille des jeux de table, tout comme les échecs.

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